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– Rejjie Snow – Anthony Joseph

Depuis fin février tous les amateurs de jazz de la région lyonnaise peuvent se régaler des concerts proposés par Vaulx Jazz et ce, jusqu’au 21 mars. Basé à Vaulx en Velin ce festival s’étend sur quelques salles autour de Lyon dont ma chère et tendre Epicerie Moderne à Feyzin. Pour cette 28ème édition A Vaulx Jazz s’expose aux couleurs du métissage des genres, des artistes d’exception et de créations spécialement élaborées pour l’événement. Cette année ce sont les soufflants, les voix et les cordes qui ont la part belle. Les voix justement, c’était la ligne forte de ce mercredi soir avec 2 artistes incontournables aux musicalités qui semblent éloignées mais qui se rejoignent par leurs textes aux messages forts !
Je qualifierai l’un plutôt World, l’autre complètement Hip-Hop, DJ aux platines pour l’un, percus-batterie-basse-clavier pour l’autre mais tout deux avec des sonorités recherchées venues du jazz, c’est bien sûr ce qui a rapproché ces deux publics aux horizons différents autour d’un concert très intéressant humainement,  musicalement et également photographiquement !
Pour commencer, Rejjie Snow venu tout droit d’Irlande nous a déversé ses flows de paroles dans un style « urbain chic ». Ce petit prodige du rap né en 1993 a fait son apparition en 2011 sous le nom de Lecs Luther mais c’est un an plus tard que tout démarre vraiment lorsqu’il se renomme Rejjie Snow. Fort de ses nombreuses collaborations c’est en 2013 qu’il sort son EP Rejovich, faisant l’effet d’une petite bombe dans le milieu, ne serait-ce que par la pochette montrant une black assise à côté d’un membre du KKK qui l’enlace. Ses textes et sa musique sont terriblement riches, on ne reste pas insensible à ses histoires qui évoquent les problèmes de drogue ou encore de persécution que l’on peut malheureusement voir en Afrique. J’ai effectivement ressenti malgré la barrière de la langue une certaine lourdeur dans les textes, créant une ambiance relativement sombre tant dans le style que visuellement. Le public de l’épicerie est connaisseur et malgré tout n’aura pas mis longtemps pour entrer dans cette atmosphère et lever les bras au rythmes des sonorités jazzy. J’en suis resté presque sur ma faim et en aurait voulu plus, le concert s’est terminé pour moi avec un sentiment d’inachevé, j’aurais du me garder du temps en posant l’appareil photo et profiter de ce qu’il avait à nous dire !
En second partie de soirée et après une petite mousse, les musiciens d’Anthony Joseph entament un set qui s’annonce très coloré. Dès les premières notes le public est tout ouïe et scrute l’entrée sur scène de l’artiste. On est là dans un style complètement différent, les machines ont fait place à un quatuor Batterie-percus-clavier-basse avec une musique beaucoup plus world aux multiples influences. Anthony Joseph est un poète qui invite au voyage de part l’Afrique, le Pakistan, les Caraïbes et bien d’autres endroits ! On est là dans du spoken word qui comte notamment les difficultés des immigrés dans sa ville d’adoption qu’est Londres. Cet enseignant en écriture à l’université possède un univers très dense qu’il propose via les nombreux livres qu’il a écrit mais aussi par ses 5 albums dont le dernier Time sorti en 2014. J’ai senti un homme bourré d’humanité, de chaleur et de respect. Il partage sans mesure avec son public et n’hésite pas à mettre en avant ses musiciens, compagnons virtuoses qui lui apporte un support à ces textes. Voilà encore une forte découverte pour moi qui permet de remplir ma playlist !
Je me dois de féliciter tous les techniciens de la soirée qui ont fait un son de très bonne qualité ainsi que des ambiances lumières vraiment excellentes ! Un vrai plaisir pour les oreilles et les yeux ! Bravo messieurs !
En pré concert j’ai pu parler quelques instants avec Medhi Kruger que j’avais photographié en décembre à la MJC Ô Totem et lui dire à quel point j’avais aimé sa musique, ses textes et son interprétation. J’espère revoir ce projet rapidement sur scène et vous invite à (re)découvrir cet artiste !
Quelques liens :