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– Paroles et Musiques, mon bilan.

Alaune_2016-05-17-PEM2016

Dring Dring !!!!
« Salut Joel, ça va ? Est ce que ça te dirait d’être notre photographe officiel pour cette nouvelle édition du festival Paroles et Musiques ?  »
« Ouuuuuuiiiiiiii !!!!! »
L’histoire de cette folle aventure commence tout simplement comme ça ! Il ne m’a pas fallu longtemps pour donner une réponse positive !

Avant d’aller plus loin dans l’article je voudrais juste préciser que j’écris pour partager mon ressenti, vous faire part d’une expérience que j’ai eu la chance de vivre, raconter un peu l’envers du décors de la photographie de concert et aucunement pour me vanter ou me mettre en avant. Ceux qui me connaissent personnellement peuvent confirmer que je suis loin de me la péter, je sais rester humble et surtout reconnaissant de la confiance qu’on m’accorde.

Depuis 2009 je photographie sur ce chouette festival mené de main de maître par la famille Javelle. J’ai pu y croiser pleins d’artistes différents dans des salles aussi atypique que le Magic Mirror, ou encore dans un Palais des Spectacles tout juste dans une configuration sans gradins, une salle Jeanne d’Arc chargée d’histoire, un Pax tout ce qu’il y a de plus cosie et un Fil qui venait à peine de sortir de terre. Le Zénith bien entendu tout aussi récent, salle qui impressionne par ses dimensions, que de frissons d’avoir 7000 personnes dans le dos quand on photographie l’artiste ! Depuis cette année là je guette l’annonce de la programmation en début d’année et m’empresse de remplir ma demande d’accréditation très consciencieusement. Comme à chaque fois, je m’organise pour en faire le plus possible et je dois dire que l’étiquette Francofans m’a souvent ouvert les portes de certains concerts, big up cher magazine !
2016 est ma 8ème édition d’affilié, la 25ème du festival, ça commence à faire ! Je prends toujours autant de plaisir à me déplacer sur St Étienne pour mettre en image une programmation qui cette année encore à passé un cran je trouve, jouant des artistes de grande renommée « récents » tels que Jain, Louane ou encore Caribbean Dandee feat JoeyStarr & Nathy. Oui il y en a pour tout les goûts !

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Cette année est particulière puisque que je suis LE photographe officiel. Officiel ok, mais ça veut dire quoi ? Tout simplement que je ne photographie pas que pour Francofans avec qui j’avais fait ma demande d’accréditation mais aussi et surtout pour le festival lui même ! J’avoue jubiler de ce statut privilégié par rapport aux autres photographes car j’ai pu voir tout le monde, aucun concert ne m’était refusé, me retrouvant souvent seul dans le crash barrière. J’avais le tant désiré badge All Access qui me donnait accès aux loges où je pouvais aller taper la discute avec chacun ou même au catering (là où les artistes mangent). Bon, dans les faits je n’y suis pas allé car le temps ne me le permettait pas et mon côté discret me disait de ne pas aller déranger tout ce beau monde pendant leur pause détente. Cet accès privilégié m’a par contre lancé quelques idées que je vais développer dans les prochains mois pour aboutir à, je l’espère, de belles choses. Je ne développe pas plus pour l’instant, soyez patient. Le statut d’officiel m’a donc ouvert les portes de TOUS les concerts, aucun refus même si je devais bien entendu respecter les contraintes de chacun. Car oui il ne faut pas croire que tout est autorisé, il y a des contraintes et comme si ce n’était pas déjà assez compliqué chacun avait les siennes. Je reviendrais sur ce point plus bas lorsque j’aborderai les relations avec les boites de production.

Alors oui j’avais accès à tout et partout mais ne vous faites pas d’illusions, tout n’est pas si rose que ça en à l’air. C’est un vrai boulot qu’être officiel, l’engagement était de fournir au fur et à mesure des images pour faire de l’actualité entre autres. C’est sûr que le dimanche soir à 22h30 on préfère tous être tranquillement installé dans son canapé plutôt que d’aller dans un bar bondé de monde pour ramener quelques images tirées dans une ambiance chaude et peu éclairée. Mais c’était le deal, j’ai signé pour ça et j’en retire une satisfaction malgré tout d’avoir pu ce soir là voir la Chorale à Musiques reprendre et adapter des chansons d’artistes présents sur le festival tels que 3 minutes sur mer, Jain ou encore Dionysos ! Et je ne parle même pas de l’adaptation d’un titre de Stromae, superbe ! Après chaque soirée je rentrais chez moi pour trier, sélectionner quelques photos par artiste que je post-traitais et envoyais à Marie et Morgane de l’équipe relation presse. Autant dire que je me couchais toujours après minuit, souvent après 1h voir même 2h du matin sur les grosses soirées. Tout ça sur 9 jours de suite, alors qui serait partant pour tenir ce rythme ? Moi en tout cas je suis à nouveau volontaire ! L’idée était de diffuser le lendemain sur la page Facebook du festival les photos de la veille dans un statut « C’était hier sur le festival« . Il était marrant de voir qu’au fur et à mesure des journées je croisais des gens qui avaient vu mes photos et m’en parlaient. Le dernier soir j’ai même entendu dans le public du Zénith alors que je m’avançais vers la scène pour photographier Pomme et Louane, une personne dire « regarde c’est lui qui fait les photos pour le festival« . J’avoue que ça flatte son égo, j’ai kiffé !

J’ai commencé les concerts le vendredi 20 mai et enchaîné tous les jours jusqu’au samedi 28. J’ai cependant eu un jour off, le jeudi 26 où j’étais sur un autre projet avec L’épicerie Moderne, je remercie donc Jérôme Pourrat de m’avoir remplacé ce soir là. Chaque soir il a fallu courir entre les salles pour respecter les heures de passage des artistes qui n’accordaient souvent que le temps des 3 premières chansons pour shooter. Autant dire que j’ai usé ma montre à sans cesse la regarder ainsi que mon pense bête des heures de passage sur scène. Tout doit s’enchaîner parfaitement, il faut juste anticiper les changements de salle et souvent se faire violence pour ne pas rester trop longtemps à écouter l’artiste même si il plaît énormément, soit pour se déplacer soit pour se préserver pour le jour d’après. C’était d’ailleurs le cas pour Alexis HK que j’aime énormément, il était là salle Jeanne d’Arc pour son spectacle autour de Georges Brassens, j’ai du écourter ce beau moment pour rentrer traiter les photos et ne pas me coucher trop tard afin d’être en forme le lendemain. C’est frustrant !! Je me suis promis de retourner le voir en spectateur cette fois afin de profiter de toute la richesse des textes et des personnages, si je ne devais retenir qu’un seul concert du festival ce serait celui-là ! Le timing est donc important quand ça joue sur plusieurs salles en même temps, ça se prépare à l’avance pour que tout s’enchaîne bien, pas de place à l’improvisation. Je vous laisse donc imaginer quand un artiste prend du retard, ça peut foutre en l’air toute l’organisation qu’on s’est fixé et c’est à ce moment là que le stress commence à monter, le petit grain de sable inattendu. Ce fut mon cas pour Christian Olivier qui a commencé 15min après l’heure prévue au Fil, je n’ai donc pu rester qu’une demie chanson de peur de rater la fin de Schlaasss au Palais des Spectacles qui eux, heureusement autorisaient tout le concert, j’ai donc pu les prendre sur le dernier quart d’heure de leur set. C’était chaud mais c’est passé ! Une fois terminé, pas le temps de s’attarder pour parler avec le groupe, retour au Fil pour enchaîner avec La Grande Sophie et son lot de désorganisation côté production…

Globalement cette expérience était intense et très riche ! Pour les curieux il m’est impossible de donner un chiffre exact du nombre de photos faites car j’ai épuré au traitement, j’estime cependant à environ 2500 clichés ce qui fait grosso modo 70 par groupe. En début de festival je m’étais donné un défi (à la con) de faire plus de groupes qu’en 2015 où j’avais pu en voir 23, cette année je suis à 35, record battu ! C’est un rythme très soutenu et souvent je ne pouvais pas me poser sur un concert pour vraiment prendre le temps d’être créatif, aller chercher un angle de prise de vue improbable, travailler sur les lumières, avec le public, impossible sur 35 groupes… D’autant plus que beaucoup de concerts annonçaient complet, il était donc assez difficile d’accéder au devant de la scène sans déranger le public, j’ai préféré rester à l’écart par respect et je pense que ça se ressent sur les images. Côté réseaux sociaux, à chaque artiste je m’efforçais de publier une photo en live sur Instagram, Twitter et mon compte Facebook ouvert à tous, toujours dans un souci d’actualité et de partage. La qualité n’est bien évidemment pas au niveau de ce qu’on peut sortir d’un reflex mais elle avait le mérite d’exister. Je me taggais dans la salle avant chaque concert pour annoncer la programmation du soir et faire de la pub pour le festival. Vis à vis des réseaux sociaux c’est moi seul qui me suis imposé cette démarche, en aucun cas le festival ne m’a obligé à quoi que ce soit, c’est une précision qui peut avoir son importance.

Au delà de la mise à l’épreuve du physique j’ai également fortement éprouvé mon matériel durant cette grosse semaine. Mon fidèle compagnon des salles obscures a ramassé si je puis dire. Je ne compte pas le nombre de changement d’objectif que j’ai dû faire durant toute cette période, exposant à chaque fois l’appareil aux poussières qu’au fil des jours je voyais apparaître dans le viseur (sur le miroir heureusement et donc qui n’apparaissent pas sur les photos). J’ai malencontreusement fait tomber mon appareil mercredi soir en rentrant chez moi, je mets ça sur le compte de la fatigue et il porte maintenant les stigmates d’un festival marathon. Heureusement il fonctionne, ouf ! Il aura bien mérité un bon nettoyage avant de reprendre la route en juin. Côté traitement sur l’ordinateur j’avais préparé avant le festival tous les répertoires des artistes, en rentrant le soir il me restait donc plus qu’à dispatcher les photos dans chacun et importer dans lightroom avec les mots clés qui vont bien. Je parcourais ensuite chaque galerie pour supprimer les déchets et sélectionner quelques photos que je traitais immédiatement. J’exportais ensuite avec les paramètres de taille, qualité, nommage et copyright préparés en amont. Les mots clés de cette partie traitement sont l’automatisation au maximum, la préparation d’un workflow et anticipation de tout problème qui pourrait subvenir. A 1h du matin il n’y a plus de place pour la réflexion et l’improvisation, tout doit être optimisé pour y passer le moins de temps possible et aller se coucher vite ! Ensuite je passais au groupe suivant jusqu’à avoir un lot d’une 10-15aine d’images. En fin de traitement je parcourais à nouveau les photos exportées pour vérification avant envoi à Marie et Morgane qui le lendemain se chargeaient de diffuser sur Facebook et récolter les likes 🙂 Je partageais leur publication sur mon compte Facebook et ma page photographe également. C’était rodé ! Le pc finissait tout seul dans la nuit et le jour suivant de faire les sauvegardes vers le cloud hubic. Il a donc tourné non stop durant 13 jours pour tout mettre en ligne via ma petite connexion adsl.

Il y a cependant un gros MAIS dans tout ce process ! Pour pas mal d’artistes il fallait la validation des clichés avant diffusion ! Mais vous pensez bien qu’à 2h du matin il n’y avait personne pour me répondre, faire valider quand on veut faire de l’actualité c’est juste impossible, c’était aussi le cas du journal Le Progrès. J’aborde donc le houleux chapitre des relations avec les boites de production, vaste sujet souvent discuté entre photographes. Chacun y va de son contrat, ses conditions de prise de vue, de ses demandes les plus farfelues les unes que les autres et sur un festival avec autant d’artistes il est difficile voir impossible de tout gérer en temps et en heure. Sans donner de nom je pourrais citer les boites de prod qui imposent un contrat à faire signer par les 2 parties (photographe et production), à qui j’ai envoyé les photos et le contrat signé mais qui ne donnent jamais de retour. Le contrat stipule que si on n’a pas de réponse en retour ça veut dire que les photos ne sont pas validées, ok mais sous quel délai je dois considérer que c’est mort alors ? Inadmissible pour ma part. J’ai également envoyé des photos à une autre boite qui s’est empressée de les diffuser sur la page facebook du groupe mais sans m’envoyer de réponse de validation ! Ou du moins 48h après, normal ? Pas bien non. Dois-je rappeler aux producteurs qu’on envoie les photos pour validation et qu’en aucun cas ça veut dire que vous pouvez les utiliser pour vous !? Je me souviens aussi d’un artiste qui imposait les 3 premières chansons, jusque là rien d’anormal c’est assez courant, j’ai pris quelques libertés en shootant la 4ème chanson du fond de la salle, devinez quelle photo a été validé ? Celle prise lors de la 4ème ! Jouissif ! Je tiens aussi le pompon de la prod sur ce festival, le concert démarre, je suis au premier rang avec un public très sympa qui me laisse de la place et je commence à photographier, jusque là tout va bien. Au bout d’une minute le régisseur me tape sur l’épaule et me dit de sortir car je n’ai pas le droit de faire des photos, personne n’est accrédité, ce à quoi je lui dis que si, j’ai eu la confirmation par mail, bla bla bla… Ça monte un peu dans les tours et lui propose de sortir pour ne pas gêner le public avec nos histoires et qu’il se renseigne rapidement sur ce qu’il me dit. Là je remercie l’équipe du festival qui a été hyper réactive pour revoir les conditions avec le producteur qui finalement dit « non mais c’est bon je me suis trompé, il peut aller photographier » !! Tout ça me faisant perdre la moitié du temps qui m’était imparti et ma place au premier rang, rageant !!!!! D’autant plus qu’il faut une validation des photos derrière et je sais que ça va être un gros bras de fer pour avoir déjà eu affaire à eux. Heureusement tous ne sont pas comme ça, je nommerai par exemple Julie (Radio Elvis, Alexis HK) qui est adorable et avec qui le dialogue est possible, sympa comme tout, c’est agréable de travailler avec des gens comme ça !

13 groupes sur 35 me demandent de faire valider les clichés avant diffusion, pas forcément les plus gros d’ailleurs car aucun problème pour Jain, Dionysos, Louane ou encore Thomas Dutronc, allez comprendre pourquoi ! Du coup le travail ne s’arrête pas avec la fin du festival, il faut maintenant traiter toutes les photos au lieu de 2-3 par artiste et envoyer tout ça aux boites de prod pour validation puis …attendre…..espérer un retour… Là aussi je me suis organisé avec un fichier de suivi de qui contacter à quelle adresse, envoyé à quelle date, le retour et liste des photos « autorisées ». Inutile de faire ça pour un concert unique, mais à l’échelle d’un festival c’est vraiment indispensable pour savoir où on en est !
En bref, au delà de toute l’organisation que demande un tel exercice, les contraintes, les contre temps mais aussi les privilèges, être photographe officiel reste surtout un immense plaisir de voir autant d’artiste sur scène sur une période courte d’une semaine ! J’ai également apprécié la rencontre avec les publics aussi différents que les musiques qu’ils venaient écouter. Beaucoup jouent le jeu des photos et m’ont demandé de les prendre sans forcément demander quoi que ce soit en retour. Je donnais alors ma carte de visite pour qu’ils puissent me contacter afin de leur envoyer leur photo, ça me semble un minimum car eux aussi font parti du show ! J’ai maintenant pleins de nouveaux amis, youpi ! J’ai également pu côtoyer toute l’équipe du festival de plus près en allant des bénévoles à la sécurité, en passant par bien évidemment les relations presse mais aussi les régisseurs, techniciens, la direction et j’en oublie forcément… J’ai pu profiter de ce statut pour avoir une plus grande visibilité et reconnaissance dans le milieu, à voir sur le long terme quelles en seront les retombées.

Je pense avoir abordé beaucoup de facettes de cette expérience que j’espère pouvoir renouveler l’année prochaine, merci de m’avoir lu jusqu’au bout et surtout n’hésitez pas à me poser vos questions dans les commentaires, j’y répondrais avec plaisir quitte à développer certains points que j’ajouterai à cet article.

Je tiens enfin à remercier chaleureusement tout le staff du festival pour la confiance qu’ils m’ont accorder à faire leurs images, la famille Javelle en tout premier lieu, Simon, Marc, Cyril, Mélanie, Julie, les équipes du Pax, du Fil, du Palais des Spectacles, de la Tanière, de la salle Jeanne d’Arc et du Zénith, toute la sécurité qui a été adorable même si je n’aime pas trop les palpations :-), les bénévoles bien sûr sans qui le festival ne pourrait pas tourner, tous les lighteux et les gars du son, les roadies, les collègues photographes que j’ai eu plaisir à croiser comme à chaque fois, les artistes bien sûr qui nous ont fait des concerts tous plus magiques les uns que les autres, les personnes qui m’ont soutenu et encouragé durant cette période et j’en oublie certainement, MERCI à tous ! Big up à Marie et Morgane pour leur accompagnement sur le festival afin que je puisse à chaque fois faire les photos dans les meilleures conditions possibles, me tenant au courant de jour en jour des conditions de prise de vue. Merci, merci, MERCI !!!!

A l’année prochaine, vous me manquez déjà….

Festival Paroles et Musiques

2 comments

  1. Bravo Joel pour cet article. Ca m’a rappelé des souvenirs de concerts et d’évèmenents que j’ai couvert ici à Ottawa (Canada). Je pense que la relation photographe/artiste/production s’améliore d’année en année car veux/veux pas une bonne photo remplace n’importe quel texte! Tu peux pas passer des émotions aussi fortes que l’image de concert dans un article… Bravo pour ta persévérance et la qualité de ton travail. Tu me donnes le goût a ressortir mon Canon 5D et mon 75-200mm! maudit toué!

    Amitié,
    Fred

    1. Salut Fred !
      Merci pour ton gentil message ! Je suis content si ça t’incite à ressortir le matos pour aller au devant de la scène, c’est toujours un bon moment !!!
      A bientôt 😉

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